Rencontre avec l’écrivain et poète Abdelghani Rahmani
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Originaire de la région de Tifra, dans la wilaya de Béjaïa, et vivant à Alger, M. Abdelghani Rahmani est père de cinq enfants. Titulaire d’un diplôme d’études supérieures engestion, il a fait carrière dans une entreprise nationale en tant que cadre supérieur, où il a contribué dans la revue interne par des écrits relatifs à la santé dans le monde du travail.
Cultivant une grande passion pour la plume et le monde de l’écriture, il a aussi à son actif de nombreux articles dans la presse écrite nationale. Maintenant qu’il est en retraite, bien méritée, Abdelghani Rahmani laisse son génie exploser et donne naissance à son premier recueil de poésie intitulé «Souffle et sourires». Pour le faire connaître aux lecteurs de La Dépêche de Kabylie, nous nous sommes rapprochés de lui.
Qui est Monsieur Abdelghani Rahmani ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à vous présenter mes vifs remerciements ainsi qu’à votre équipe pour cette interview et j’en suis honoré. A l’instar de mes concitoyens, je suis un modeste père de famille qui vit de sa pension de retraite. Je m’intéresse de très près à tout ce qui me lie à l’environnement au sein duquel je vis.
Comment avez-vous été attiré par la poésie ?
Élevé dans un milieu familial conservateur, j’ai eu la chance d’avoir un oncle paternel épris par la poésie, et c’était aussi un mélomane. D’ailleurs, il a côtoyé le grand maître du chaâbi El Hadj El Anka. Il a écrit des poèmes mystiques que je garde jalousement. Je pourrais dire, sans me tromper qu’il m’a tracé le chemin.
D’où tirez-vous votre inspiration ?
Pour répondre, j’ose emprunter la définition qui a été donnée par le psychologue français Fabrice Midal : «la poésie est la parole singulière qui ne supporte pas d’explication». La poésie a un lien irrévocable avec la réalité, d’autant plus qu’il s’agit d’exprimer ses sentiments, ses émotions, ses sensations. Sans la poésie, il n’y a pas de vie. Chaque étape de la vie, qu’on le veuille ou non, est accompagnée de poésie. Dans notre société, nous chantons la naissance de l’enfant, nous célébrons le mariage, nous chantons l’arrivée du printemps, en hiver, nos grands parents nous récitaient des contes, des légendes, quelques fois rimés. Lorsqu’il y a un deuil, les femmes surtout psalmodient des poèmes décrivant la séparation de l’être cher. Indubitablement, de cette complicité d’aller écouter tous ces poèmes, en y laissant son cœur, fait que la poésie cherchera, à son tour, de nous parler et nous écouter. Il arrive que l’être humain ne sache pas ce qui lui est essentiel. Aussi, la poésie devient elle par la force des choses, la parole à l’écoute de tout le monde et par conséquent, elle aime écouter le silence. Ce qui lui facilite de dévoiler les différentes facettes de la réalité, et devenir l’intermédiaire entre la nature et l’homme.
Êtes-vous influencé dans vos écrits par des noms et des plumes anciens et présents ?
Effectivement, lorsqu’on aime quelque chose, on a un penchant envers les prédécesseurs qui nous ont tracé la voie, et c’est grâce à eux que nous sommes arrivés là où nous sommes à l’heure actuelle. Dans ce contexte, la sociologue Tassadit Yacine avait écrit : «On eût dit aussi que l’état intellectuel et moral ainsi que le degré de civilisation d’un peuple sont toujours reflétés dans sa littérature». Nous essayerons, tant bien que mal, d’être fidèles à leur mémoire. Ainsi, nous retrouvons chez la société kabyle des légendes, des contes mais aussi des poésies. C’est ce qui fait dire à Ibn Khaldoun, le père de la sociologie, «que chaque foyer kabyle renferme d’incommensurables poésies».
Vous avez écrit sur la vie, l’amour, le pays et la patrie. Parlez-nous un peu de votre poésie…
la plupart de mes poèmes ont trait à la défense des valeurs morales : la famille, l'amitié, le respect, le pardon, mais je préfère laisser au lecteur le soin de répondre à cette question. Il saura répondre mieux que moi.
Vous avez récemment mis sur le marché votre nouveau livre. Pourquoi ce titre ?
Le titre ‘’Souffles’’ vient du vent qui propage les mots, ‘’Sourires’’ du charme de la brise que les mots expriment. Ainsi, la poésie est en nous à longueur d’année. Elle ne nous quitte jamais. Une anecdote : en déposant mon œuvre auprès de l’ONDA, le préposé me fit cette remarque : vous me ramenez un document sans titre. Que dois-je mettre ? Sur le champ, j’ai répondu : Souffles et sourires.
Vos poèmes sont-ils les soupirs tout bas de la société en perte de ses repères ou seulement les complaintes longtemps réprimées d’un cœur à la recherche d’évasion ?
Quelques fois, le poète n’est pas seulement un artisan de mots, comme on aime le prétendre, mais celui qui devance son temps et la société avec laquelle il partage sa vie. En somme, en tant que visionnaire, sa tâche primordiale est d’éclairer et guider les autres dans la voie du bien et de leur dévoiler toutes les facettes que peut cacher la vie.
Un poète peut-il mourir ou reste-t-il éternellement même après trépas ?
Un poète est un engagé pour une noble cause. Il doit être un éducateur, un guide. Ses paroles puisées dans les écoles de la vie peuvent devenir des sentences, maximes que l’on transmet de génération en génération.
Un dernier mot pour vos lecteurs et ceux de notre journal
Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont soutenu. Je sais que ce premier ouvrage a été bien accueilli aussi bien ici qu’à l’étranger. Je souhaite longue vie à «La Dépêche de Kabylie» qui nous informe régulièrement de la manière la plus diligente sur ce qui nous entoure. C’est un quotidien dont les rubriques sont riches, variées. L’équipe jeune, dévouée, excelle dans un professionnalisme qui n’a rien à envier à d’autres milieux similaires.
Interview réalisée par Arezki Toufouti